Samedi 22 juin 2002
Nous sommes tombés dedans, pas dans la potion comme le célèbre
Gaulois juste un peu enrobé de la BD, non, nous sommes tombés
dans le chaudron tout aussi magique de l' Ardèchoise. Plus
qu'une simple cyclosportive, c'est une récréation dans la
saison, une immersion de 24 h par grand fonds dans une passion
dévorante. Tout est ici établi autour et pour le vélo et
nombre d'autres cyclistes présentent les mêmes symptômes.
Cette course distile à la louche la chaleur et l'hospitalité de
sa population jamais en panne d'imagination ni
d'applaudissements. Des paysages ouverts et souriants bien servis
par des cols amis aux routes agréables, tout concourt pour que
chacun y trouve son plaisir. En un mot l'Ardèchoise a une âme
et les 13520 concurents alignés au départ ne doivent pas être
loin de partager cet avis. Son succès non démenti tient sans
doute à cette savante alchimie.
Vendredi après midi et caniculaire, le rendez-vous était prévu
à 14h30 au péage de Tullins pour des raisons touristiques, la
barre de péage est enchanteuse, accessoirement pour sa situation
centrale pour Eddy, Luis et Michel. Le plus ponctuel du lot se
pointera avec 50' de retard sous les sarcasmes de ses camarades.
Nous inaugurons un nouvel itinéraire, voulu plus rapide,
l'ancien serpentait malicieusement au travers des villages
Ardéchois de pierres jaunes, et, pour agréable qu'il soit, des
railleurs (pour les obsédés de mécanique, je signale que
" des railleurs " s'écrit ici en deux mots, vu que
dans cette acception ça ne sert pas à changer de vitesse)
s'étaient abondamment moqués l'année dernière et ça, c'est
pas bien !
Après avoir récupéré les plaques de cadres à St Félicien,
nous mettons le cap sur l'hôtel pour une soirée douce avec un
petit apéro au perrier et à la bière, enfin je veux dire que
certains ont pris de la bière et un autre du perrier, n'imaginez
pas un nouveau cocktail. Attablé, on nous sert un gargantuesque
repas cycliste curieusement établi à base de charcuterie,
spaghetti bolognaise, poulet/ gratin dauphinois et dessert
(faudrait pas faire une hypoglycémie nocturne quand même)
surprenant n'est-ce pas ? Tout le monde n'ira pas au bout et
rendre les armes devant la cuisse de poulet rôti devient
impératif.
En ce jour, on célèbre la fête de la musique et c'est la
fanfare locale qui s'y colle en rythmant le repas rapidement puis
s'évanouit dans la nature, ce qui n'est pas plus mal, non que je
mette en doute la qualité des joueurs, mais nous imaginons mal
une nuit blanche au son de la grosse caisse, des symbales et de
la corne de brume (ha bon, y'a pas de corne de brumes dans une
fanfare, même une fanfare Bretonne !?)
Eddy est inflèxible, le réveil sonnera et sonne effectivement
à 5 h. Oui je sais, c'est très tôt. Le petit dèj copieux est
vite avalé. En selle, il nous faut dévaler les 13 km qui nous
séparent de la ligne le plus rapidement possible, un bon
placement en dépend. But atteint, les portiques nous sont
distants que d'une cinquantaine de mètres, il nous faudra 10 mn
après le 1er départ pour les passer.
Que ce soit clair, le but du voyage n'est pas touristique mais
d'arracher le meilleur temps, soit un objectif, par Eddy fixé,
de moins de 4h. En revanche, il était décidé de " rester
groupir ", or nous perdons Luis dès le départ. Michel
l'avertit et là, la vitesse a du s'effondrer d'un bon dixième
de kilomètre/heure. Le retour, dans ces conditions ne sera pas
opéré, Eddy fait le départ et taille la route à la machette,
il a du bosser en Amazonie, impressionnant. Un petit groupe se
forme, tout le monde ne tourne pas, un peu énervant mais la
progression est bonne. Les circuits se séparent et l'on se
retrouve ....deux à chasser et finalement rentrer sur un groupe
que nous animons puis laisserons inanimé 20 km plus loin. Les
descentes sont des moments de pur bonheur tant le revêtement est
bon, les virages prévisibles, jamais vachards. Le dernier col se
présente, 17 puis 10 % mettent les jambes à rude épreuve. Sous
l'effet de la chaleur (32°C) le goudron fond et les trajectoires
doivent être choisies avec soin. La dernière descente est
dévalée à tombeau ouvert avec des relances dignes d'un
vire-vire de zone industrielle. Eddy coupe la ligne 25e, Michel
26e avec 3h56 (fallait tout), Luis, pas super satisfait du
comportement de ses co-équipiers est 128e.
Le premier nommé devrait bénéficier (de justesse) d'un départ
prioritaire l'année prochaine, le deuxième, non (de justesse
aussi), mais il est résolu à se coller une plume d'autruche de
couleur à un endroit que la décence ne permet pas de citer ici,
les cyclistes déguisés partant avec les prioritaires. Reste
plus qu'à se restaurer et remettre le cap à l'Est en saluant
comme il se doit cette organisation somptueuse.