Fusée(s) à deux étages
Pour sa promotion en 2e catégorie, M. Francky avait besoin d'une 2eme place...ou de plusieurs places d'honneur, éventualité, d'ailleurs qui ne l'éffleura même pas. Ce doit être une deuxième place et ce sera à Cras et pas ailleurs, un point c'est tout, la gagne sera pour Luis, ce dernier point n'étant pas plus négociable que le précédent, reste à le faire admettre aux autres coursiers, ce qui n'est pas le plus aisé. Nos deux doux rêveurs ont établi leur plan d'action ensemble sur papier millimétré, réglé à l'avance comme l'est un défilé. Ils s'étaient fait les promoteurs zélés de leurs envies de trophés. Les autres n'étant pas loin de penser que du rêve au délire il n'y a qu'un pas alègrement franchi dans un même élan euphorique collectif. Pour résumer, disons que ces allégations nous semblait aussi probables que les prédictions astronomiques de ce bon Paco (Rabanne). Pour cette belle course de Cras, tout à côté du col de Parménie riche en souvenir pluvieux, glacés et presque victorieux pour certains ex-régionaux, nos collègues du Fontanil avaient fait les choses en grand. La nuit précédant l'épreuve un grand spectacle pyrotechnique avait été organisé (vraiment pyro et infiniment technique pour les pompiers) d'où l'odeur acre à notre arrivée. Pendant la ronde prenait place un joyeux défilé de chars à foin avec distribution d'échantillons sur la chaussée pour la plus grande joie des nombreux dérailleurs massés sur le parcours et bien décidés à ne pas en perdre une miette, pardon une botte. Le tracé est beau, dur comme il faut avec sa bosse relativement longue, taillée en deux parties pour le coup de grâce. Le coup de grâce, c'est Luis qui l'assena. Parti très tôt, seul, à la façon "Eddy à Pressins",ce qui aurait pu être une galère tant il dut ramer , ce coup d'essai fut un coup de maître. Luis, le coureur à l'entraînement froidement scientifique, calibré, calculé, peu enclin aux attaques tonitruantes que l'on soupconne souvent de rouler en deça de ses possibilités vient de nous apporter un cinglant démenti. Bien servi par Franck glissant sous son casque une nouvelle casquette d'équipier (il paraît que, finalement, c'est pas si cool que ça en à l'air ?) vérouillant à double tour un peloton frustré de se retrouver ainsi piégé. Luis ajusta son tir avec une précision diabolique, gérant son énergie avec une précision qui sied à un informaticien, le bouquet ne lui echappera pas. A ce sujet, en esthète, il sut assortir les glaieuls à nos nouvelles tuniques...roses. Dis Luis, si c'est uniquement une question de nuances de fleurs, on peut s'arranger. La première partie du rêve était réalisée. Franck, rongeant le frein des autres est parti dans le dernier tour, contrant une attaque du coursier qu'il devait épingler avec autorité sur la ligne. Comme le vante un slogan publicitaire " what dreams are for if not to come true ? "