L'oiseau de bonne
augure
Dimanche 18 mai 2003
Faudrait quand même pas
croire que l'on est venu dans le sud QUE pour le plaisir de la
mer, la douceur du climat, la beauté des paysages ou QUE pour
rigoler. Non, si six Abrésiens ont fait le déplacement dans
cette bonne ville de COGOLIN, bien connue pour ses pipes (les
pipes à bourrer de tabac, il va de soi) c'est pour tordre le cou
à l'épervier. Un oiseau qui vole une fois l'an sur un tracé de
129 ou 175 Km et traverse des cols souriants aux noms marrants
tel le Babaou. Trois binômes sont constitués et arrivent
sur zone avec respectivement 24 h d'avance et de retard sur le précédent
ou le suivant. L'avant garde organise le bungalow et parfait sa
condition en organisant au pied lever un stage de quelques heures
sur la superbe et sauvage île de Port Cros ou sera travaillé le
grand prix de la montagne et les sprints intermédiaires a
pied, ainsi que la natation dans de l'eau fraîche, non,
froide. Froide est le qualificatif le mieux approprié.
Au fil des arrivées et
des arrivages (le bungalow est prévu pour six personnes et non
six personnes et six vélos, la nuance est de taille), la place
se fait rare dans la cabane et les déplacements, avant le
coucher se révèlent terriblement techniques voire carrément périlleux
en pleine nuit entre les spades, les sacs et les bonhommes qui se
déplacent ou pas d'ailleurs. Le temps est au beau, heureusement.
Petite reconnaissance du début de parcours, les
points chauds sont méticuleusement répertoriés, mais pour une
sortie "cool", ça roule plutôt vite.
Lever pénible à 5h30. Eddy est en pleine forme dès le réveil
tout comme Denis, les autres aspirent à plus de sérénité et
de calme pour apprivoiser leurs paupières rétives. Le départ
est prévu à 8 h00, et c'est à 7 h10 que l'on se pointe sur la
ligne et là se produit un petit miracle, nous sommes en première
ligne. Habituellement, l'ensemble du groupe se pointe peinard
dans le bon dernier tiers à cause de qui vous savez et là, à
500 bornes de la maison, on lèche la ligne, la classe !
Fait pas vraiment chaud sur cette ligne là d'ailleurs, un sit-in
au soleil arrange un peu les choses et puis c'est l'occasion de
discuter avec des locaux à l'accent chantant et aux expressions
hautes en couleurs. Denis et Laurent nous quittent, ils partiront
devant nous puisqu'ils courent le 176, Marie Jo, Patrick, Eddy et
Michel sont sur le petit parcours. L'épreuve part en retard,
c'est pas grave, on roulera plus vite pour compenser. Cogolin est
quitté à 45 à l'heure, ça chasse et part dans tous les sens,
près de 40 de moyenne les 10 premières minutes et plus de 38
sur la première heure. Le paysage est magnifique avec la mer en
toile de fond que l'on domine ou que l'on frôle mais, on a peu
de temps pour l'apprécier, le paquet est encore groupé, très
nerveux et la route réserve, comme à son habitude des
surprises, sans compter la traversée des cités balnéaires gavées
de rond points, îlots directionnels et autres rétrécissements
plus quelques cars de touristes posés en catastrophe au beau
milieu d'un virage aveugle, le pied. Laurent est rattrapé, il
est équipé à ce moment précis d'un nouveau modèle de casque
équipé d'une fontaine si l'on en juge par la quantité de
flotte qui coule de ses tempes. Eddy perd ses manchettes.
Denis est dans le groupe de tête, rejoint par notre groupe après
15 bornes de chasse sévère. Le col de Caguo ven dynamite le
peloton, on y voit plus clair, ça roule l'esprit plus
tranquille, puis la descente, courte, nous emmène sur le Babaou,
un col en pente douce avec une vue sublime sue Toulon et sur des
vallons à la végétation dense. La descente est terriblement
grisante et nous conduit sur une belle portion plate, une
nouvelle occasion d'organiser un petit chrono par équipe de
trois, Marie Jo ne doit pas rouler, elle est là pour gagner. Une
organisation éprouvée, efficace permettant de rentrer illico
presto sur le groupe précédent et de l'animer aussi sec, voire
trop sec au goût de certains. C'est alors que se présente la
montée du col de notre dame des anges. Qualifier la voie qui y mène
de route est assurément abusif. D'abord elle est large comme un
gros chemin de campagne, parfois dépourvue de tout revêtement
laissant apparaître des trous béants sur rien d'autres que de
la terre mal battue ou, pire, de gros galets ronds vachards, sans
compter les gravillons d'agrément sur les bords et sur la partie
centrale et même du fil de couture qui s'entortille autour du
moyeu, autant ne pas y risquer une roue. Pour résumer, il faut
rouler à gauche ou à droite ou voler en faisant gaffe aux
canyons, pardon, aux excavations. De toutes façons, vu le
pourcentage et donc la vitesse adoptée, on ne peut pas dire
qu'on ne voit pas arriver l'obstacle. Le sommet est passé avec
un plaisir non dissimulé dans des effluves de menthe et de thym,
personne n'ayant relevé l'odeur de chanvre indien, c'est plutôt
bon signe. Le reste n'est que du bonheur. Une longue descente
technique dans laquelle Michel est le seul à prendre son pied et
perdre son cardio. Beaucoup l'ont trouvé trépidante,gravillonneuse,
étroite et dangereuse, sinon ça allait. Arrive un gros bout de
plat, la formation remet en marche, la formalité est prestement
expédiée tandis que derrière les Abrésiens, on ne moufte pas.
La montée sur la Garde Freinet est très roulante, c'est tout
bon, ça roule sur du velours au train, la dernière gourmandise
est la redescente sur Cogolin, avalée d'un trait, la route est
belle, les virages prévisibles, la chaussée propre, même les
voitures se traînent. Une borne de l'arrivée, Patrick aperçoit
un groupe devant et devient fou, instantanément. Il lance répétitivement
un cri de guerre ou il est question de prostitution, sans aucun
rapport avec le vélo, et fait bondir la vitesse de 47 à 54 Km/h,
le précédent relayeur en profite pour le remercier sèchement.
Piqué au vif, le groupe ainsi repris, lance le sprint aux 500 m,
ça fuse de partout, encore un virage et c'est terminé.
Verdict : 3 H 52 - 32.8 de moyenne entre 34 et 38e place au
scratch et victoire de Marie Jo en féminine, contrat rempli.
Denis termine à la 121e
place à 18" d'Alain Prost, il a failli se faire un
quadruple champion du monde !
Laurent enlève la 180e place et confirme les dires de notre ami
d'Aubagne rencontré sur la ligne : les 50 dernières bornes n'en
finissent pas, c'est le grand prix de la banane avec du vent dans
la poire, une histoire de fruits en somme.
Le général Eddy prépare le terrain |
Marie-jo doute t-elle des |
Salade de vélos. |
Eddy en pleine
évolution psycho- moteur, il apprend à lire sous l'oeil de Denis. |
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Lequel tient l'autre ? |