9 MAI 2002

Championnat Dauphiné-Savoie C.LM. par équipe
à St-Just Chaleyssin (38)

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Le dicton ne dit-il pas "chrono par équipe pluvieux, chrono par équipe heureux" ?

Parce que, pour ce qui est de faire des perfs sous la pluie, à la S.C.A, on connait !

Vainqueurs l'an passé du chrono à 4 de St-Vulbas sous des torrents de flotte, Patrick, Michel, Eddy et Franck espéraient cette fois échapper aux intempéries. Raté.

Alignés en série départementale (une grande première pour des coureurs qui évoulent habituellement en Ufolep), les quatre équipiers s'échauffent sous les nuages mais pas encore sous la pluie. Michel est fébril : le ciel est menaçant, le vent souffle de côté, il risque bien de flotter d'ici peu... Roue lenticulaire à l'arrière ou pas roue lenticulaire, that is Ze question ?

Eddy teste son tout nouveau prolongateur qui va lui faire gagner quelques précieux centièmes, Franck se tâte nerveusement le mollet gauche en se demandant si cette satanée contracture va le gêner tandis que Patrick livre ses derniers conseils : ne pas partir trop vite, ne pas prendre des relais trop courts, ni trop longs, s'abriter correctement, bref, le B.A.BA du coureurs de chrono.

Départ dans 17 minutes, on passe voir pour la forme le commissaire de course histoire de faire mesurer nos prolongateurs de guidon. "Pas plus de 75 cm entre le bout du guidon et l'axe du pédalier" qu'il a dit le monsieur. On en rigole d'avance, une simple formalité. Patrick est OK, Michel aussi, no problem pour le vélo de Franck... Ne reste plus qu'à contrôler celui d'Eddy avec son tout nouveau prolongateur. On le charrie gentillement en lui disant que ça ne passera jamais, qu'il ne va pas pouvoir courir, la rigolade quoi.

Le commissaire, tel un croque-mort moyen, prend ses mesures... "81 cm, pas bon". On croit d'abord à une blague, on en rigole presque mais très vite on rit jaune car on se rend compte que le bonhomme ne plaisante pas, c'est pas le genre de la maison, et qu'on est dans une merde noire. Il nous reste 15 minutes pour arranger ça sinon nous ne pouvons pas prendre le départ. La chiotte.

Saluons au passage la très grande décontraction d'Eddy qui n'a tué personne, contrairement à ses habitudes... Le commissaire peut remercier le ciel de lui avoir évité un coup de boule.

Tel un grand chirurgien, Patrick prend la décision qui s'impose : "faut amputer". On court dans tous les sens à la recherche d'une tronçonneuse, d'un couteau à pain, d'un opinel, enfin de n'importe quoi qui coupe... On trouve finalement une scie à métaux, c'est déjà pas si mal. Patrick prend les choses en main et nous raccourci le déjà fameux guidon en deux coups de scie. Eddy a des envies de meurtres, les autres se retiennent de ne pas éclater de rire.

Le guidon est désormais aux normes, c'est l'heure du départ, l'heure de la pluie aussi... Une, deux, trois, cinq, dix, puis bientôt 100, 1500, et trois milliards de putain de gouttes de pluie qui s'abattent sur nos belles combinaisons de chrono. L'avantage, c'est que si on faisait du triathlon, on aurait fait le vélo et la natation en même temps.

Michel gère le départ de main de maître mais déjà Patrick s'emballe avec des relais de mort de faim, à croire que sa femme va l'engueuler s'il rentre trop tard... Ses relais de bucherons font déjà souffrir Franck et Eddy qui peinent à trouver leurs marques, faut temporiser.

L'équipe prend son rythme de croisière au bout de 3 à 4 km, les relais commencent à bien tourner, le vent est défavorable et la route détrempée, c'est déjà très dur mais ça roule et plutôt fort.

La bosse de Diemoz est bien négociée, la suite aussi. 25 bornes plus loin c'est déjà St-Jean de Bournay... Demi-tour au rond point et, aaaaaahhh, enfin le vent dans le dos. 50 km/heure au compteur, sensations grisantes de vitesse, on en oublierait presque qu'il pleut et qu'on s'en prend plein la gueule.

Michel, lui, a déjà oublié. Pire même, il ne s'est même pas rendu compte qu'il pleuvait. Il a les jambes des grand jours, il ne roule pas, il vole. Des relais monstreux, une fluidité exceptionnelle, une efficacité redoutable, une attitude princière, un aérodynamisme à montrer dans les écoles de cyclisme, c'est du grand Michel. It is ZE Michel.

Patrick qui déteste la pluie ne manque pas de se caler dans la roue pour admirer le spectacle du Michel volant entre deux gerbes de flotte dans les yeux.

Dernière descente avant la longue ligne droite finale (8 km quand même), on décide d'y aller mollo, il ne s'agit pas de finir dans le décor. Avec la pluie les freinages sont délicats pour ne pas dire totalement innefficaces, surtout lorsqu'on a finalement opté pour une roue lenticulaire (hein Michel ?)... Ça y est, la descente a été bien négociée (les yeux parfois fermés à cause de la pluie !) v'la la ligne droite, on lâche les chevaux ! Les relais se font plus courts et plus mordants et tout le monde à la rage.

Ça roule entre 45 et 50 à l'heure jusqu'à la ligne, la 2ème place à l'arrivée, en 1h10 et 43 secondes, à moins d'une minute des vainqueurs (Annecy, encore bravo) mais seulement UNE petite seconde devant Seynod... On a eu chaud !

L'équipe prend donc une valeureuse 2ème place en série départementale (au passage, elle aurait prit la 1ère en s'inscrivant en "Masters" (plus de 30 ans ce qui était largement notre cas). Satisfaction de voir aussi qu'une bonne moitié des équipes de régionaux finissent derrière la S.C.A, et pour la plupart en ayant pas courrus sous la pluie. Ça fait plaisir quand même.

Il ne reste plus qu'à soigner les courbatures et à remettre ça la prochaine fois... sous le soleil exactement !

P.S : La pluie s'est arrêtée 10 minutes après notre arrivée...

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